
Entrevue avec Pierre Lavoie
Un homme avec un discours visionnaire, convaincant et convaincu, dont la passion du vélo entraîne toutes les générations dans sa course.
Son histoire
Plusieurs connaissent le parcours de Pierre Lavoie. Auparavant, il travaillait dans une usine. Plus jeune, il était plutôt sédentaire et fumeur. Jusqu’au jour où il rencontre la femme de sa vie, la mère de ses enfants; une femme sportive issue d’une famille active et non-fumeuse. C’est alors qu’il prend goût au sport et à l’entraînement, et à un point tel, qu’il participe même à plusieurs Ironman à travers le monde et gagne à trois reprises celui d’Hawaï. L’Ironman est une épreuve physique et psychologique très difficile. C’est un des plus longs formats de triathlon, qui consiste à enchaîner 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme et un marathon (42,195 km).
Puis, une épreuve des plus difficiles, de celles qui marquent à tout jamais, survient dans la vie de Pierre Lavoie et de sa conjointe. Le couple doit surmonter le décès prématuré de deux de leurs enfants, causé par une maladie héréditaire génétique qu’on appelle l’acidose lactique, surtout présente dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour essuyer son chagrin et éviter que de tels drames ne se reproduisent, il sillonnera le Québec à vélo afin d’amasser des fonds pour la recherche médicale sur les maladies orphelines.
Tant qu’à parcourir le Québec à vélo pour amasser des fonds pour la recherche, Pierre Lavoie se dit pourquoi pas, par la même occasion, faire connaître et promouvoir les bienfaits de l’activité physique. C’est le projet qui l’incitera à travailler sans relâche avec les écoles, les municipalités et le gouvernement du Québec pour mettre en place des initiatives santé. «Rassembler tous les acteurs pour changer la culture de toute une société sur l’importance d’avoir de saines habitudes de vie est une tâche colossale», a souligné Pierre Lavoie.
La suite, on la connaît bien. Sa passion pour l’activité physique devient contagieuse autant chez les jeunes que chez les adultes. Dans les écoles, on présente trois activités signées Pierre Lavoie : Aiguise ta matière grise, Lève-toi et bouge et le Grand défi Pierre Lavoie au secondaire. En juin 2019, pour les plus grands, avait lieu la 5e édition du Grand défi Pierre Lavoie qui consiste à parcourir 1 000 km à vélo depuis le Saguenay-Lac-St-Jean jusqu’à Montréal en 60 heures. Il faut dire que cette année s’est greffée, au Grand défi Pierre Lavoie, une toute nouvelle épreuve qui s’appelle La Boucle, un parcours de 135 km en vélo, qui donne l’occasion à celles et ceux qui le veulent de joindre le peloton du 1 000 km.
Les dons recueillis lors du Grand défi Pierre Lavoie vont à quel organisme?
L’argent amassé par les participants va à la Fondation Pierre Lavoie qui appuie les initiatives santé de deux façons. Une partie des dons amassés va aux écoles pour des projets de saines habitudes de vie et l’autre partie est remise pour la recherche sur les maladies héréditaires orphelines.
Qu’est-ce que cela implique de participer au Grand défi Pierre Lavoie?
Faire le Défi, c’est beaucoup plus que pédaler, c’est aussi le devoir de s’engager. Chaque équipe inscrite au Grand défi doit s’associer à une école primaire en l’incitant à s’inscrire au concours Lève-toi et bouge et à exercer une forme de parrainage auprès de ces jeunes en matière de saines habitudes de vie. Ensuite, une partie des dons amassés par les participants est remise à l’école parrainée pour des projets santé, comme l’achat d’équipement sportif.
Saviez-vous qu’une équipe de professionnels en santé auditive a participé au Grand défi Pierre Lavoie?
Bien sûr, c’est l’équipe LOBE CYCL-ORL. Je suis très fier de leur participation et des dons remis à l’École oraliste de Québec pour enfants malentendants ou sourds. Je sais aussi que cette école s’est grandement démarquée cette année en obtenant la 1re position au défi Lève-toi et bouge et en arrivant 3e au défi Aiguise ta matière grise dans la région de la Capitale-Nationale. C’est une école qui continuera à performer, j’en suis convaincu.
Quand vous faites le bilan du Grand défi Pierre Lavoie, année après année, qu’est-ce qui vous impressionne le plus?
Le nombre de participants qui augmente. Je savais qu’il y avait un besoin, mais je ne savais pas qu’il était aussi grand! On a lancé ce programme pour passer un message et voir qui allait embarquer avec nous. Les gens qui ont écouté et entendu le message sur l’importance d’avoir de saines habitudes de vie, eh bien, c’est pour eux qu’on a créé le Défi. Ce qui me surprend aussi, c’est l’engouement à travers tout le Québec; c’est de voir le nombre d’écoles, toujours grandissant, qui participent à nos programmes et qui ne sont pas obligées de le faire. C’est bien d’avoir l’appui de l’éducation, car on sait que le changement va se faire d’abord par l’éducation.
Lorsque les jeunes vous rencontrent, de quoi vous parlent-ils?
Ils disent que je les inspire. Ils voient en moi un modèle qui ne fait pas juste parler. Je parle beaucoup, mais quand tu regardes en arrière de moi tu vois plein d’actions. Il ne faut pas juste parler, il faut donner l’exemple. Je suis actif, je fais encore du sport, je performe encore, je suis conscient que ces éléments-là m’amènent à être crédible quand je parle. Les jeunes disent qu’ils s’inspirent de moi et c’est tant mieux. Je leur dis qu’ils sont l’avenir du Québec, et qu’en adoptant les principes de saines habitudes de vie, ce sont eux qui vont construire le Québec de demain.
Aller à l’école quand on souffre de surdité, est-ce un défi comparable à celui du Grand défi Pierre Lavoie?
Oui, puisque ça demande beaucoup d’efforts. Ces jeunes sont un modèle pour la société. Ils ont de quoi être fiers. Je les encourage à poursuivre leurs efforts et ils en seront récompensés.
Avez-vous des problèmes d’audition?
Ma femme dit que oui! Je vais avoir des problèmes un jour parce qu’aujourd’hui j’utilise utilise souvent mon iPod. On écoute de la musique en courant, en faisant du vélo. Je pense que mon audition a baissé parce que j’utilise l’iPod à outrance! J’ai déjà passé un test d’audition à l’époque et j’étais dans la moyenne. Mais là, je dois envisager le test d’audition bientôt. Et les appareils auditifs aujourd’hui, wow, la technologie a tellement évolué. C’est tout petit, ça ne paraît pas. Ce n’est plus gros comme avant.
Quel message aimeriez-vous partager avec nos lecteurs qui ont une perte auditive ou un trouble du langage?
Malgré ce petit problème, on peut réaliser bien des choses. J’ai récemment rencontré un homme qui avait une seule jambe et qui a fait La Boucle (135 km) lors du Grand défi. Il te lance l’un de ces messages quand il est sur son vélo! Peu importe ce qu’on a comme problème ou handicap, ce serait une erreur de s’apitoyer sur son sort. Quand tu es déterminé, sky is the limit.